Lire la traduction anglaise: Feline Bronchitis: What Do We Know? What Do We Need?
Introduction
La toux est un signe clinique fréquemment rencontré chez le chien, alors que chez le chat, elle représente un motif de consultation plutôt rare. De plus, chez le chien, la toux se rencontre aussi bien dans des pathologies cardiaques que dans des pathologies respiratoires, alors que chez le chat, la toux est relativement spécifique d'une pathologie broncho-pulmonaire et la toux d'origine cardiaque est rare. Chez le chat, la cause de loin la plus fréquente de toux est liée au "syndrome bronchique félin" ("feline bronchial disease"), qui se caractérise par une inflammation des voies basses sans cause évidente identifiable. De nombreuses autres terminologies existent dans la littérature pour le même syndrome. A l'heure actuelle, la différenciation entre une forme "asthmatique" ou "allergique" et une forme chronique d'autre origine n'est pas clairement établie. Cliniquement, elle se caractérise par une combinaison de toux et de signes cliniques relatifs à une obstruction bronchique (dyspnée, "wheezes", intolérance à l'exercice).
Signes Cliniques
Le syndrome bronchique félin affecte préférentiellement des chats jeunes ou d'âge moyen. Cliniquement, cette pathologie est caractérisée par une inflammation et une obstruction réversible et plus ou moins sévère des voies aériennes, liée à des phénomènes plus ou moins prononcés de bronchoconstriction (hyperréactivité et hypertrophie des muscles lisses), de sécrétion muqueuse excessive et d'œdème des parois bronchiques. Les signes cliniques du syndrome bronchique félin (toux, sifflements, intolérance à l'exercice, dyspnée) varient considérablement d'un cas à l'autre, tant en fréquence qu'en intensité. Les symptômes sont souvent chroniques et tendent à s'aggraver graduellement. Ces signes sont réversibles chez certains animaux. Cependant, l'inflammation chronique peut conduire à une obstruction bronchique sévère avec rétention d'air dans le tissu pulmonaire, en raison du rétrécissement bronchique sévère lors de l'expiration surtout (bronchoconstriction). Peuvent s'ensuivre des lésions irréversibles de remodelage tissulaire (bronchectasie, fibrose, emphysème). Dans les cas les plus légers, des épisodes occasionnels de toux peuvent être entrecoupés de longues périodes asymptomatiques. Dans les formes légères, l'état général n'est pas affecté. Dans les formes modérées, l'animal montre une toux régulière et de la dyspnée apparaît, alors que les formes sévères allient toux, respiration "sifflante", dyspnée et inconfort même au repos, perte de poids éventuelle. Par ailleurs, des épisodes suraigus (détresse respiratoire, cyanose), qui peuvent se révéler fatals, peuvent survenir, notamment à la suite d'une exposition à des allergènes ou substances volatiles irritantes, ou après un stress ou un exercice.
Diagnostic
L'examen physique du chat atteint de syndrome bronchique est variable: il peut se révéler normal, mettre en évidence un allongement de la phase expiratoire; l'auscultation peut révéler des sifflements expiratoires ou des crépitements. Les résultats de la radiographie du thorax sont variables également: dans les limites de la normale chez certains animaux, altération bronchique plus ou moins marquée chez d'autres, ou/et encore élargissement du champ pulmonaire et déplacement dorsal du diaphragme, parfois atélectasie du lobe droit médian. Près de 20% des chats atteints peuvent avoir une éosinophilie périphérique. On peut également observer un leucogramme de stress, de la polycytémie ou de l'hyperglobulinémie. L'analyse des matières fécales peut mettre en évidence des œufs ou larves de parasites, tels que Aelurostrongylus ou Capillaria. La bronchoscopie associée au lavage bronchoalvéolaire (LBA) est un test diagnostique plus spécifique et plus informatif. L'examen cytologique du liquide de LBA ou d'un liquide de lavage endotrachéal permet de mettre en évidence un nombre accru de cellules, associé à une augmentation des éosinophiles et/ou des neutrophiles. Néanmoins, ces résultats restent difficiles à interpréter, étant donné qu'on retrouve un nombre important d'éosinophiles dans le liquide de LBA chez une minorité de chats sains. Néanmoins, des études effectuées dans des modèles expérimentaux de bronchite chez le chat ont montré une corrélation entre les taux cellulaires de neutrophiles et d'éosinophiles dans le liquide de LBA et la sévérité de la maladie, tant au moment du diagnostic qu'en cours de traitement.
En médecine humaine, divers tests de fonction pulmonaire sont des outils très utilisés dans le diagnostic et l'évaluation de la réponse au traitement des pathologies bronchiques et broncho-pulmonaires. Ces tests permettent non seulement de faire des mesures basales de résistance des voies aériennes, mais également de procéder à des épreuves de bronchoprovocation, afin de tester la bronchoréactivité des bronches. Certains d'entre eux, non invasifs, ont été développés chez le chat, comme la pléthysmographie barométrique corporelle; ils permettent notamment d'évaluer l'effet de substances thérapeutiques.
Diagnostic Différentiel
Outre le syndrome bronchique félin, le diagnostic différentiel de la toux chez le chat comprend les pneumonies/ bronchopneumonies infectieuses (bactériennes, virales, parasitaires, protozoaires), rares mais vraisemblablement sous-diagnostiquées, les néoplasies (primitives ou secondaires), les étiologies traumatiques et toxiques, les corps étrangers bronchiques, les effusions pleurales, ainsi que d'autres maladies rares, comme la "fibrose pulmonaire" féline et la pneumonie lipidique endogène.
Traitement
Chez les animaux en détresse respiratoire, le stress doit être évité au maximum, et l'animal doit immédiatement être placé dans un environnement enrichi en oxygène. Le traitement comprend l'administration par voie parentérale de bronchodilatateurs (β2 agonistes, p. ex. terbutaline 0.01 mg /kg IV, IM ou SC) ou de corticostéroïdes à action rapide (p. ex. dexamethazone 0.25 à 2 mg / kg IV ou IM). L'administration d'agents bronchodilatateurs par nébulisation peut également se révéler salutaire. Le traitement classique du syndrome bronchique félin est essentiellement basé sur l'utilisation de stéroïdes par voie orale (prednisone ou prednisolone, 1 à 2 mg / kg 2 fois par jour pendant une à 2 semaines, suivie d'une diminution progressive de la dose). Il est évidemment opportun d'exclure toute autre pathologie, essentiellement les pathologies infectieuses avant de démarrer le traitement, d'autant que dans certains cas, il sera de longue haleine, voire à vie. En règle générale, les formes légères ne nécessitent pas la mise en œuvre d'un tel traitement. Dans les formes les plus sévères et chroniques, la corticothérapie, quelle qu'elle soit, ne parvient pas toujours à contrôler les signes cliniques et permettre au chat une vie confortable. De nouvelles approches thérapeutiques ont vu le jour au cours des dernières années, basées sur l'utilisation de molécules à action immunomodulatrice. Ces molécules ont été testées dans des modèles expérimentaux avec des résultats variables, et, en l'absence d'études cliniques publiées, elles ne sont pas recommandées à l'heure actuelle. Par contre, l'utilisation de l'aérosolthérapie semble plus prometteuse et de nombreux essais ont été récemment décrits, tant sur des animaux atteints de maladies spontanées que dans des modèles expérimentaux de chats chez lesquels une bronchite inflammatoire a été induite. Les substances les plus utilisées comprennent les stéroïdes et les bronchodilatateurs. La molécule de stéroïde la plus utilisé est la fluticasone, qui n'atteint cependant son effet maximum qu'après une période de 1 à 2 semaines; elle doit donc être associée à l'administration d'un glucocorticoïde par une autre voie et est supposée permettre le contrôle à long terme de l'inflammation. La nébulisation d'un agent β2 agoniste, comme le salbutamol, au contraire, est davantage utilisé pour permettre une amélioration immédiate mais transitoire des symptômes.
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