La Toux Chronique Non Cardiogénique chez le Chien
World Small Animal Veterinary Association World Congress Proceedings, 2010
Cécile Clercx, Dr.med.vet., PhD, DECVIM-CA
Professor, Liège, Belgium

Lire la traduction anglaise: Chronic Non-Cardiac Cough in Dogs

Introduction

Les maladies canines responsables d'une toux chronique non cardiogénique comprennent notamment la bronchite chronique, la bronchopneumopathie éosinophilique, la fibrose pulmonaire idiopathique des terriers, les bronchopneumonies récurrentes liées à des aspirations répétées ou à une anomalie anatomique, comme la dyskinésie ciliaire primitive.

La Bronchite Chronique (BC)

Un diagnostic de BC repose sur les 3 critères suivants: toux chronique, présence excessive de mucus/hypersécrétion muqueuse, exclusion d'autres maladies cardiopulmonaires chroniques (insuffisance cardiaque congestive, bronchopneumonie infectieuse chronique, néoplasie pulmonaire, bronchopneumopathie éosinophilique). D'autres maladies (insuffisance cardiaque, collapsus trachéal) peuvent coexister, et compliquer le diagnostic et le traitement. Les causes de la BC sont mal définies, et sont probablement multifactorielles. La BC progresse lentement et de manière insidieuse, et n'est donc mise en évidence que lorsque la maladie est à un stade avancé.

Signalement

Les chiens d'âge moyen à avancé de petite race sont les plus fréquemment atteints.

Signes Cliniques et Diagnostic

La plupart des tests diagnostiques visent à exclure la présence d'autres causes de toux chronique. L'hématologie est généralement normale. La radiographie thoracique montre des modifications bronchiques et/ou interstitielles généralisées. La cytologie du lavage bronchoalvéolaire peut révéler des quantités excessives de mucus, une hyperplasie des cellules épithéliales, une infiltration neutrophilique ou macrophagique.

Management

Les altérations bronchiques sont en partie irréversibles. Il conviendra donc de faire le bilan des lésions et de tenter d'expliquer au propriétaire qu'il ne sera pas possible de guérir l'animal, mais uniquement de minimiser les symptômes et d'enrayer la progression et l'apparition de complications (surinfections, bronchectasie, maladie chronique obstructive). Le traitement comprend les points suivants:

 Éviter les facteurs exacerbants (exposition à l'inhalation de substances volatiles irritants, milieu poussiéreux ou pollué, port d'un harnais plutôt que collier classique).

 Contrôle du poids: un régime strict en cas d'excédent de poids permet d'améliorer de manière très significative les signes cliniques, même en l'absence de traitement médicamenteux.

 Combattre l'inflammation grâce à de faibles doses de glucocorticoïdes. L'utilisation de bronchodilatateurs (agonistes β2, théophylline) est recommandée par certains auteurs, bien que le bénéfice de ce traitement n'ait pas été clairement établi.

 Contrôler les surinfections et assurer une bonne hygiène buccale.

La Bronchopneumopathie Éosinophilique (BPE)

La BPE est une maladie caractérisée par une infiltration éosinophilique de la muqueuse bronchique et des poumons, et est supposée être une manifestation d'une réaction d'hypersensibilité. Cependant la cause sous-jacente n'est que rarement identifiée et le rôle de pneumo-allergènes n'a pas encore été clairement établi.

Signalement

Les chiens jeunes ou d'âge moyen sont le plus souvent touchés. Les huskies sont des races prédisposées mais des chiens de toute race peuvent être atteints.

Signes Cliniques

L'état général reste bon, sauf en cas de complication par une bronchopneumonie bactérienne. Les signes cliniques principaux sont une toux forte et très productive et des raclements de gorge. On rencontre aussi de la dyspnée et, dans moins de 50% des cas du jetage.

Diagnostic

Les éléments de diagnostic de la BPE comprennent les facteurs commémoratifs (race, âge, réponse positive antérieure à un traitement à l'aide de glucocorticostéroïdes), les signes cliniques, radiographiques, bronchoscopiques, la présence d'une éosinophilie sanguine (présente dans près de 60% des cas), éosinophilie tissulaire, réponse positive à un traitement adéquat, et l'exclusion d'autres pathologies. La bronchoscopie révèle typiquement la présence abondante d'un matériel mucopurulent épais jaunâtre ou verdâtre, un épaississement sévère de la muqueuse bronchique accompagnée de formations polypoïdes. L'examen cytologique du liquide de lavage bronchoalvéolaire ou d'un frottis-brosse bronchique montre un pourcentage élevé d'éosinophiles. L'infiltration éosinophilique se remarque également dans la muqueuse bronchique par examen histopathologique après biopsie perendoscopique.

Traitement

La réponse aux stéroïdes est généralement rapide et très favorable, bien que de légers signes cliniques puissent persister dans un faible nombre de cas. Les glucocorticostéroïdes peuvent être administrés par voie orale ou nébulisation (aérosols doseurs). Les rechutes sont fréquentes, et s'observent immédiatement ou plusieurs mois après l'arrêt du traitement. Bon nombre d'animaux doivent donc recevoir un traitement durant toute leur vie.

La Dyskinésie Ciliaire Primitive (DCP)

La dyskinésie ciliaire primitive résulte d'un défaut de mobilité de l'appareil muco-ciliaire, lié à des anomalies anatomiques ultrastructurelles des structures ciliaires. La clairance muco-ciliaire est un des mécanismes de défense les plus importants de l'arbre respiratoire. L'inefficacité de l'ascenseur muco-ciliaire provoque l'absence d'évacuation du mucus, et sa rétention dans les voies respiratoires. Il en résulte de l'inflammation, de l'obstruction, et des surinfections bactériennes secondaires, tant au niveau des cavités nasales et sinus que des voies basses, une transposition. Le "syndrome de Kartagener" est une triade qui inclut une transposition complète des viscères (situs inversus), de la bronchectasie et une rhinosinusite chronique, associées à une anomalie de la fonction ciliaire.

Signalement et Signes Cliniques

Les signes cliniques résultent de l'altération de la fonction de clairance et sont principalement respiratoires, liés aux rhinosinusites, bronchite et bronchopneumonies récidivantes. Les signes cliniques démarrent dès le plus jeune âge avec un jetage nasal séreux, qui devient purulent et se poursuit par des épisodes de toux, dyspnée et dégradation de l'état général. La découverte d'un situs inversus lorsqu'il est présent, renforce le degré de suspicion de cette maladie.

Diagnostic

La confirmation d'un diagnostic de DCP nécessite l'analyse fonctionnelle et ultrastructurelle de la fonction mucociliaire. Les défauts primaires des structures ciliées ne peuvent être mis en évidence que par microscopie électronique, mais il n'est pas toujours aisé de différencier un défaut primaire d'un défaut secondaire (qui est la conséquence d'une maladie respiratoire chronique).

Management

La DCP est une maladie incurable. Il est cependant possible de contrôler les signes cliniques pendant un temps plus ou moins long en fonction de la sévérité de l'atteinte ultrastructurelle, grâce à un traitement symptomatique quasi permanent des rhinites, rhinosinusites et broncho-pneumonies bactériennes chroniques (antibiothérapie ciblée, hydratation, élimination du mucus). Le pronostic est mauvais; certains animaux ne survivent pas plus de quelques mois. Des tests génétiques capables de déceler les porteurs afin de les exclure des programmes d'élevage sont en développement pour certaines races.

La Fibrose Pulmonaire Idiopathique des Terriers (FPI)

La fibrose pulmonaire idiopathique est une maladie chronique et évolutive émergente, qui se rencontre chez les terriers, principalement le West Highland White terrier mais aussi le Cairn, le Yorkshire, le Bull ou le Staffordshire. Les chiens qui développent des signes cliniques sont d'âge moyen à avancé. L'étiopathogénie n'est pas connue, même si une base génétique est suspectée.

Signes Cliniques

La maladie se caractérise par une dyspnée progressive, de l'intolérance à l'exercice, et souvent de la toux, qui n'est pas présente dans tous les cas et qui peut également résulter de la bronchite chronique qui peut accompagner la FPI. Des épisodes stables alternent avec des épisodes d'aggravation.

Diagnostic

Les examens radiographiques, bronchoscopique, hématologiques ou biochimiques sont généralement peu parlants ou peu spécifiques. L'auscultation pulmonaire présente fréquemment des crépitements. Le diagnostic final repose sur l'exclusion d'autres maladies respiratoires chroniques (imagerie: scanner pulmonaire-bronchoscopie), même s'il ne peut être formellement confirmé que par un examen histopathologique du tissu pulmonaire.

Management

La maladie est progressive; le pronostic à long-terme est donc sombre. A l'heure actuelle, aucun traitement spécifique et efficace n'a clairement été identifié.

Bronchiectasie

La bronchiectasie est une dilatation anormale et permanente de segment(s) de bronche. Les voies atteintes sont partiellement obstruées de matériel purulent qui s'accumule dans la portion dilatée, en raison d'une déficience de clairance mucociliaire à ce niveau. La bronchiectasie focale peut résulter de la présence d'un corps étranger bronchique. Les bronchiectasies diffuses font suite à des lésions d'aspiration ou d'inhalation, à de la bordetellose, ou à des maladies respiratoires bactériennes chroniques ou récidivantes. Les considérations thérapeutiques sont identiques à celles décrites lors de bronchite chronique, mais la maladie est plus difficile à contrôler. Lors de bronchiectasies focales, la lobectomie peut être la seule option thérapeutique valable.

Références

1.  Clercx C, Peeters D. Canine eosinophilic bronchopneumopathy. In Veterinary Clinics of North America (Elsevier), 2007, 37, 917-935.

2.  Edwards DF, Patton CS, Kennedy JR. Primary ciliary dyskinesia in the dog. Probl. Vet Med 1992;4 (2): 291-319.

3.  King L (ed): Textbook of Respiratory Diseases. Philadelphia, WB Saunders, 2004.

4.  Bexfield NH, Foale RD, Davison LJ, Watson PJ, Skelly BJ, Herrtage ME. Management of 13 cases of canine respiratory disease using inhaled corticosteroids. J Small Anim Pract 2006 Jul; 47(7):377-82.

 

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Cécile Clercx, Dr. med.vet., PhD, Professor, DECVIM-CA
Liège, Belgium


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