Lire la traduction anglaise: Canine Hypothyroidism: Update on Diagnosis and Treatment
Introduction
L'image que nous avons de l'hypothyroïdie canine a évolué depuis quelques années. Par le passé nous considérions l'hypothyroïdie comme la maladie endocrinienne la plus fréquente du chien. La plupart des endocrinologues vétérinaires s'accordent à affirmer que de nos jours, d'autres maladies endocriniennes comme l'hypercortisolisme sont plus fréquemment observées. Auparavant, de nombreux chiens étaient diagnostiqués de façon excessive. De fait, le diagnostic de l'hypothyroïdie n'est pas toujours si facile. Ceci s'explique surtout par la présence de signes cliniques vagues et souvent non-spécifiques et le fait que les tests disponibles soient influencés par de nombreux facteurs. Durant cette conférence, l'accent sera mis sur les nouveaux développements diagnostiques et les facteurs influençant ces tests.
Diagnostic de l'Hypothyroidie Canine
A cause des signes cliniques vagues et l'absence d'anomalies spécifiques aux analyses sanguines de routine, le diagnostic doit être confirmé par une évaluation spécifique de la glande thyroïde. Comme toujours, les résultats de laboratoire doivent toujours être interprétés à la lumière de l'anamnèse et des trouvailles à l'examen physique. L'examen clinique complet du patient, la connaissance des avantages et inconvénients des tests disponibles et la connaissance des facteurs influençant ces tests, doivent permettre au clinicien de poser un diagnostic juste d'hypothyroïdie. Le tableau suivant résume les avantages et inconvénients des tests thyroïdiens les plus utilisés chez le chien.
Avantages et désavantages des tests thyroïdiens les plus utilisés.
Examen
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Avantages
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Inconvénients
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T4T (thyroxine totale)
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Largement disponible, peu coûteux
Des valeurs 'normales' permettent souvent 'l'exclusion' de l'hypothyroïdie
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En présence de maladie systémique (euthyroid sick syndrome)
Après administration de certains medicaments
Une de T4 seule, ne permet pas de poser un diagnostic fiable d'hypothyroïdie (spécificité basse)
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TSH
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Largement disponible, peu coûteux
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1/4 des chiens hypothyroïdiens ont des valeurs de TSH en dedans des valeurs de référence (sensibilité basse)
Toujours utiliser en combinaison avec T4
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T4 libre
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Moins influencée par une maladie systémique ou administration de medicaments, comparé à la T4
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La seule méthode fiable inclut la dialyse à l'équilibre
Pas accessible dans tous les pays
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Anticorps--anti thyroglobuline
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Evalue l'autoimmunité thyroïdienne
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Pas accessible dans tous les pays
Ne réflète pas la fonction thyroïdienne
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Scintigraphie (pertechnetate)
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Fiable, considerée comme un 'gold standard'
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Accès limité
Utilisation de radio nucléides
Nécessite parfois une sédation
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Echographie de la glande thyroïde
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Présente un certain intérêt
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Très opérateur--et appareil dépendant
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Test de stimulation à la TSH (TSH rh)
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Fiable, considéré comme un 'gold standard' (TSHrh)
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La TSHrh* est coûteuse (pas si aliquoté)
Ce test dure 6 heures
Des réactions anaphylactiques sont décrites avec la TSH bovine (pas encore avec la TSHrh)
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*TSHrh: TSH recombinante humaine: Des dosages de 50 à 100 µg ont étés utilisés, toutefois, en présence de maladie concomitante ou d'administration de médication, un dosage de 150 µg est recommandé.
Les hormones thyroïdiennes varient inversement à l'âge. La moitié des chiens âgés de plus de 6 ans ont des valeurs de T4T diminuées. La stimulation obtenue lors de test de stimulation à la TSH est également moins prononcée.
Certaines races de chien ont clairement des valeurs de T4 sérique plus basses (moitié) comparé aux valeurs observées dans la plupart des autres races. Ceci a été observé chez les Greyhounds, Sloughis, Basenji et le Whippet. Le diagnostic d'hypothyroïdie peut être particulièrement difficile dans ces races et des examens diagnostiques plus poussés, comme la scintigraphie ou le test de stimulation à la TSHrh, sont parfois nécessaires.
Résumé des effets de certains médicaments sur les resultats des tests de fonction thyroïdienne.
Médication
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T4T
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T4libre
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TSH
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Stimulation à la TSH
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Glucocorticoïdes (dosage
immunosuppressif)
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= ou
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=
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Inhibé à des dosages élévés
et longue durée
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Bromure de potassium
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=
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=
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=
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=
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Phénobarbital
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= ou
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= ou
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Sulphonamides*
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Propranolol
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=
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=
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=
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=
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Carprofen
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= or
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= ()
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= ou
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Pas étudié
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Aspirine
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=
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=
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Pas étudié
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Méloxicam
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=
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=
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=
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Pas étudié
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Kétoprofen
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=
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=
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=
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Pas étudié
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Etodolac
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=
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=
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=
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Pas étudié
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Clomipramine
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=
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Pas étudié
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Anesthésie (et chirurgie)
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Pas étudié
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Pas étudié
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*Une crise hypothyroïdienne induite par les sulphonamides a été décrite.
Traitement de l'Hypothyroidie Canine
Le traitement de l'hypothyroïdie consiste en l'administration à vie de lévothyroxine synthétique (L-T4). Les dosages utilisés chez le chien sont plus élevés qu'en médecine humaine. Les dosages initiaux recommandés varient de 10 à 22 µg/kg q 12 ou q 24 heures, dépendemment de l'auteur et de la formulation utilisée, avec un maximum de 0,8 mg de L-thyroxine q 12 heures. Le patient est réévalué 1 à 2 mois après le début du traitement et est ajusté sur base de la résolution des signes cliniques et les résultats de la mesure de la T4T. Lors de l'interprétation des résultats de T4T, le moment de la prise de sang doit être mis en rapport avec la valeur observée. Le plus souvent, la prise de sang est réalisée 3 à 6 heures après la dernière prise de la médication (test post-prise) et des concentrations maximales sont mesurées. Dans ce cas, la T4T devrait être dans les valeurs de référence (moitié supérieure) ou même un peu au dessus. Pour la plupart des patients, le suivi sérique de la TSH ne présentera aucun avantage, comparé au suivi de la T4T seule.
References
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